Un peu d’histoire…

La maison des Quatrans est l’ancien hôtel des Quatrans. C’est une maison à colombages construite dans les années 1460 dans le centre-ville ancien de Caen ; plus précisément dans la rue Cattehoule (rue de Geôle), l’une des rues les plus importantes de Caen. Avant 1944, la Maison des Quatrans était au cœur d’un quartier dense et faisait partie d’une chaîne d’hôtels particuliers qui s’alignaient le long de la rue de Geôle.

La totalité du bâtiment fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 24 juillet 1953. La maison tire son nom d’une confusion avec un autre hôtel, dit manoir du Four Quatrans, ayant appartenu à la famille des Quatrans, tabellions du roi à Caen, et qui se situaient légèrement plus au nord.

Des origines à la Seconde Guerre mondiale

Le 11 novembre 1458, Jean IV Quatrans fieffe à Michel Le Fevre, riche tanneur caennais, un terrain dont il a probablement fait récemment l’acquisition, situé à l’est de la venelle reliant la rue de Geôle à la rue des Teinturiers. Le 27 décembre 1459, Michel Le Fevre achète la propriété voisine. Sur ces deux parcelles, il se fait construire vers 1460 une maison avec une longue façade donnant sur l’une des principales rues de la ville. Au sud de la cour, le long du Petit Odon, est établie une tannerie. Le 18 mars 1519, il agrandit encore la propriété vers le sud, au-delà de l’Odon. Le fils de Jean, Louis Le Fevre modifie plus profondément la demeure. En 1541, la tour d’escalier dans la cour est reconstruite dans le style Renaissance. Les deux lucarnes sur cour, de part et d’autre de la tourelle, sont également reconstruites à cette époque. Ces deux baies en arc en plein cintre encadrées par des pilastres portant un entablement à ressauts et un fronton de forme complexe étaient similaires à celles de l’hôtel d’Escoville érigé à la même période. Il fait également entouré la propriété d’une muraille.

Aux alentours de 1590, la maison est vendue à Jean Le Boucher, grénetier pour le roi au grenier à sel de Caen. Un jeu de paume est indiqué en 1610 dans les lots et partages de la succession de Jean Le Boucher et sur le plan de 1629. La tannerie, toujours présente en 1610, n’est plus mentionnée en 1657 à la mort de Gabriel Le Boucher.

Depuis 1944

En 1944, pendant la bataille de Caen, les toitures sont soufflées lors d’un bombardement et les maçonneries fortement ébranlées. En 1945, est ouverte une instance de classement pour la maison des Quatrans ; la maison et le terrain contigu sont classés en 1953. En mai 1951,  la tourelle, ainsi que les lucarnes, sont totalement détruites. La chambre haute n’est pas reconstruite.

Jusqu’en 1944, l’hôtel a conservé sa fonction d’habitation. En 1945, l’administration des monuments historiques a lancé une procédure d’acquisition de cet immeuble et y installa son agence dès 1953. La maison des Quatrans accueille aujourd’hui plusieurs associations culturelles.

Architecture

Avec les n° 52 et 54 de la rue Saint-Pierre, cette maison est une des rares survivances de l’architecture médiévale civile à Caen. Comme souvent dans la cité ducale, seule la façade donnant sur rue est construite en pans de bois pour des raisons essentiellement esthétiques. Très sobre dans sa décoration, cette façade a permis un maximum d’ouvertures sur la rue ; les fenêtres sont agrandies au XIXe siècle, mais on reconstitue les baies originales lors des restaurations rendues nécessaires par les bombardements de 1944. Pour comprendre cette utilisation purement esthétique du bois, il faut rappeler l’importance de l’extraction de la pierre de Caen au Moyen Âge et donc l’abondance de ce matériau qui limitait singulièrement la nécessité d’utiliser du bois dans la construction proprement dite. Beaucoup de maisons de haut rang avaient de telles façades, souvent en pignon comme les n° 52 et 54 de la rue Saint-Pierre, mais le corps principal de la maison était en pierre. À l’arrière, on abrite l’escalier dans une tour polygonale surmontée d’une chambre haute rectangulaire reposant sur des trompes caennaises, typique de la région.

Sources : WIKIPEDIA